L'écrivain Patrick Bard au lycée Blaise Pascal - DNA 06/04/2017

 

Education - L’écrivain Patrick Bard au lycée Blaise-Pascal - Colmar « Ça m’a pris par les tripes »

 

Plusieurs jeunes ont rencontré au lycée Blaise-Pascal, à Colmar, l’écrivain Patrick Bard. Ce dernier est venu répondre à leurs questions.

 

 

Pendant plus d’une heure, les lycéens ont questionné l’écrivain sur son livre, son métier et sur le monde de l’édition. PHOTO DNA

 

« Il n’y a pas de questions idiotes, il n’y a que des questions ». Patrick Bard rassure les quelque 70 lycéens des établissements Schongauer, Schwendi et Blaise-Pascal, présents ce mardi matin. Cette rencontre avec l’écrivain se fait dans le cadre du Prix littéraire des lycées professionnels du Haut-Rhin.

 

Chaque année, depuis 1994, les élèves deviennent ainsi critiques littéraires et forment un jury qui devra, en mai, départager quatre romans. Jungle Park de Philippe Arnaud ; L’Arbre et le fruit de Jean-François Chabas ; Mon ami Arnie de Jérémy Behm et celui de l’auteur qui se tient devant ses lecteurs, ce matin-là, Et mes yeux se sont fermés.

 

Le livre raconte l’histoire de Maëlle, une jeune fille de 16 ans. A priori comme les autres, elle va radicalement changer, embrigadée, avant de partir en Syrie. Une jeune fille se lance pour encenser Patrick Bard avant de le questionner. « J’ai eu la chance de lire beaucoup de livres et j’ai trouvé le vôtre très bien écrit. Ça m’a pris par les tripes. A la dernière phrase, j’ai eu envie de recommencer. Je voulais savoir quelles études vous avez fait pour devenir écrivain ». « Je me suis arrêté après le bac. Rapidement j’ai travaillé comme assistant pour un photographe avant de le devenir moi-même », lui répond l’auteur, par ailleurs photojournaliste.

 

« Un double choc émotionnel »

 

Un autre personne lui demande d’où lui est venue l’inspiration pour écrire ce récit. « D’un double choc émotionnel. Un de mes amis a été tué à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Une semaine après, j’apprends que le fils d’une amie est parti faire le Djihad. J’ai voulu comprendre comment une telle chose pouvait arriver et écrire pour lancer un débat entre deux générations, entre les adolescents et leurs parents. Pour ne pas que cela se reproduise », explique Patrick Bard.

 

« Les livres en lice pour le prix sont souvent liés à l’actualité »

 

Pour ce faire, l’auteur s’est documenté, a rencontré un imam pour parler de la façon la plus juste possible de l’aspect religieux, pour employer les bons mots. Il a passé beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, là où les recruteurs pullulent et embrigadent les jeunes, sur les sites de Daech (ndlr : l’Etat Islamique) et d’al-Nosra (ndlr : groupe salafiste djihadiste).

 

Si bien que son histoire est réaliste, ses personnages très proches de cette triste réalité. Au point qu’une collégienne qui était sur le départ pour la Syrie, lui a avoué récemment s’être totalement « reconnue » dans son roman.

 

« Les livres en lice pour le prix sont souvent liés à l’actualité », explique Marie-Noëlle Aubert, professeur documentaliste à Blaise-Pascal. Mais le choix de faire venir cet auteur devant les élèves était délibéré. « L’embrigadement et le départ pour le Djihad concernent trop de jeunes », concède un autre professeur présent. Un bon moyen d’aborder, donc, un sujet pas toujours simple, avant qu’il ne soit trop tard.